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29/06/2015

La liste de nos interdits

Sans titre1.pngLa liste de nos interdits, Koethi Zan

Elles avaient tout prévu. Rédigé une liste exhaustive des dangers qui peuplent notre environnement. Établi tous les interdits. Adopté toutes les mesures de sécurité pour rendre leur monde plus sûr. Aucun imprévu ne devait plus pouvoir les surprendre. Elles ont enfreint la première règle : elles ont pris un taxi. Dès lors, le cauchemar n’aura plus de fin.

À 18 ans, Sarah est kidnappée avec sa meilleure amie, Jennifer. Avec deux autres jeunes filles, elles passeront trois ans enfermées et torturées dans une cave. Jennifer n'y survivra pas. Dix ans plus tard, Sarah vit cloîtrée dans son appartement new-yorkais quand elle apprend que son bourreau peut être libéré sur parole. Dans l'espoir de découvrir où il a dissimulé le corps de Jennifer et pour enfin tourner la page, Sarah décide de se confronter à son ravisseur. À ses risques et périls...

Construction atypique pour ce thriller : ça commence par la petite vie bien rangée des deux jeunes filles puis leur enlèvement. On les retrouve enchaînées dans la cave, on pressent les horreurs qu’elles vont subir, mais l’auteur nous transporte brusquement dix ans plus tard. Sarah est vivante, traumatisée, cloîtrée, incapable de se confronter au monde extérieur, mais vivante. Jennifer, elle, n’a pas survécu à cet enfer. Comment Jennifer est-elle morte ? Comment Sarah a-t-elle pu échapper à son bourreau ? Pourquoi Tracy, l’une de ses compagnes de captivité, lui voue-t-elle une haine farouche ? Pour l’instant, nous n’en savons rien. Nous retrouvons Sarah au moment où elle apprend de Jim, l’agent du FBI qui suit son affaire, que le monstre responsable de son calvaire va être présenté à la commission de libération sur parole. La jeune femme puise alors en elle les ressources pour se confronter enfin à son passé. Commence ce qui fait le cœur de ce thriller très noir : la quête de la vérité. Que s’est-il vraiment passé pendant leur détention ? Qui est cet homme, brillant et pervers, qui les poursuit encore ?

De chapitre court en chapitre court, l’auteure entraîne son lecteur dans une histoire glaçante, aux ramifications insoupçonnées. L’écriture est sèche, presque aride, servant parfaitement son propos. Petit à petit, elle distille les éléments, jusqu’à un final surprenant ! La montée en tension est bien maîtrisée, épousant le rythme lent de la recherche des jeunes femmes – Sarah a convaincu Tracy de l’accompagner dans sa quête – s’accélérant brusquement à l’approche du dénouement. Rien de superflu dans tout cela, pas d’intrigue annexe qui viendrait « distraire » le lecteur, seulement l’histoire terrifiante de ces femmes traumatisées, la suggestion froide et presque clinique des horreurs qu’un être humain peut infliger à un autre. L’auteure esquisse à peine le récit des violences, mais cette ellipse même les rend sans doute plus terribles encore !

À recommander aux amateurs de frissons !

Fleuve Noir – juin 2015 – 19,90 euros

17:13 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

04/05/2015

Chevaux de foudre

Sans titre1.pngChevaux de foudre, Aurélie Wellenstein

Alix a tout perdu, son père, sa terre, même son nom. Devenue esclave à Rome, elle est précipitée dans le monde des courses du Déluge. Ces compétitions violentes et sans pitié voient s’affronter les Fulgurs, des chevaux de foudre dont le corps s’électrise quand l’orage éclate. Les monter, c’est mettre sa vie en jeu, mais la liberté couronne les vainqueurs. Aidée par Marcus, le prodige de son équipe, Alix va lier son destin à Ira, un étalon indomptable, aussi beau que mortel…

Chevaux de foudre, c’est une histoire de chevaux, d’amitié, d’amour, dans laquelle des esclaves tentent de gagner leur liberté dans une compétition qui peut s’avérer fatale, sur le dos de montures électriques à moitié sauvages. C’est également un personnage d’adolescente attachante, pleine de vie, courageuse et déterminée, qui refuse de se cantonner à un rôle passif.

Aurélie Wellenstein a su composer avec Alix une héroïne émouvante, bourrée de contradictions, tour à tour forte et effrayée, capable d’une intense témérité, mais sous laquelle pointe encore la petite fille craintive.

Ça démarre fort : alors que la jeune Alix travaille aux champs avec son père, ils sont attaqués par des cavaliers sans pitié. La gamine est enlevée, après que son père a été assassiné, tandis qu’elle s’efforce d’empêcher les soudards de maltraiter un Fulgur, un de ces chevaux sauvages et indomptables que les Romains capturent pour leurs courses.

Vendue comme esclave en même temps que le farouche animal, Alix va perdre jusqu’à son nom, mais restera auprès de l’étalon. Elle se prend d’amitié pour Marcus, le meilleur cavalier de l’équipe ; ensemble, ils tenteront de gagner la compétition et, avec elle, leur liberté. Le rythme est haletant, ménageant juste ce qu’il faut de respirations pour enchaîner sur les péripéties suivantes. On tremble avec cette adolescente mi-rebelle, mi-gamine (et n’est-ce pas finalement une définition de l’adolescence ?), on s’émeut au gré de ses aventures…

L'auteure a un immense talent pour faire vivre son héroïne, créer un monde magique avec ces Fulgurs, mais dans lequel le jeune lecteur, même peu familier des littératures de l’imaginaire, trouvera son chemin, avec ses références à Rome. Elle sait à merveille doser l’action, un peu de romance et des épreuves haletantes. Son personnage principal est sans aucune mièvrerie, c’est une jeune fille forte, une battante capable toutefois d’ouvrir son cœur à l’amitié et à l’amour. L’écriture est fluide, parfaitement adaptée à un jeune lectorat, tout en étant terriblement expressive ! Quant aux adultes à l’âme encore un peu enfantine, ils prendront plaisir à déguster cette aventure qui vous tient en haleine, jusqu’au bout.

Aurélie Wellenstein est une auteure à suivre, tant ses qualités (en jeunesse comme en adulte – elle a commis de nombreuses nouvelles déjà) sont éclatantes.

Un coup de cœur dans les sorties de ce printemps !

Magnard Jeunesse – À partir de 11 ans – avril 2015 – 12,90 euros

12:25 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

23/12/2014

Meurtres pour rédemption

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Meurtres pour rédemption, Karine Giebel

Marianne a 20 ans, la rage au cœur, la perpétuité en perspective. Marianne, c'est une gamine, élevée par des grands-parents rigides après la mort de ses parents. Ils lui ont tout donné, une chambre, une éducation, tout, sauf de l'amour... Alors, quand elle rencontre Thomas, aussi perdu qu'elle, ce sera l'amour et la rage de vivre tout ensemble; fugue, cambriolages, fuite  en avant, jusqu'à la tragédie : un vieillard qui meurt, la course-poursuite et la tête de Thomas qui explose sous l'impact d'une balle. L'irrémédiable enfin, Marianne tire, tue un flic, en paralyse un autre. Puis l'engrenage, le procès, l'avocat incompétent, la juge inflexible, et la condamnation. Marianne entre en prison, pour ne jamais en ressortir. D'autant moins que la jeune femme est aussi une gamine avec la rage au cœur, un sens aigu de l'injustice et la faculté de tuer à mains nues, souvenir de la pratique assidue des arts martiaux. En prison, ni les humiliations, ni la violence, ni la drogue, ni les coups, rien ne viendra à bout de la violence qui explose sporadiquement. Une gardienne immonde en fait les frais, et puis une détenue. La descente aux enfers semble n'avoir pas de fin, lorsque surgit une lueur d'espoir, sous la forme de trois étranges flics qui lui proposent un étrange deal : la liberté en échange d'un contrat.

Bouquin coup de poing, plein de rage, de fureur, de violence, mais d'espoir aussi parfois. L'amour inconcevable au milieu de l'horreur, la douceur d'un peu d'humanité dans ces rapports si durs. Meurtres pour rédemption, c'est un livre dont on ne ressort pas indemne, un formidable portrait de femme, une dénonciation sans concession d'un système pourri jusqu'à l'os. Flics ripoux, politiques infâmes, petits chefs imbus de leur pouvoir et leur immunité, souffrances en rafales, jeune femme brisée par une enfance sans amour, devenue une bête fauve incontrôlable, c'est à une plongée en enfer que nous convie Karine Giebel, avec une force indéniable, jusqu'à une fin qui justifie le titre, douce-amère.

Marianne hante longtemps la mémoire du lecteur, longtemps après avoir refermé le livre...

14:36 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)