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28/10/2015

Il est de retour

IL_EST_DE_RETOUR.jpgIl est de retour, Timur Vermes

Nous sommes à Berlin en 2011 et il est de retour. Qui ? Hitler.

Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : plus personne ne fait le salut nazi. L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe. Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays !

Il est temps d’agir. Le Führer est de retour.

Une équipe de télé, par l’odeur du bon client alléchée, est toute prête à lui fournir une tribune. La machine médiatique s’emballe...

Il est de retour est le premier roman d’un journaliste allemand, Timur Vermes (de mère allemande et de père juif hongrois réfugié en Allemagne en 1956, il est né à Nuremberg en 1967) qui imagine le réveil d’Adolf Hitler dans l’Allemagne des années 2010.

C’est Hitler qui parle tout au long de ce livre satirique : il s’étonne de la présence de nombreux Turcs dans les rues, s’indigne qu’une femme soit à la tête du gouvernement, trouve le fonctionnement de l’Union européenne consternant. Puis, repéré par une émission de télé, il devient rapidement une star en répétant ses vieux discours.

Pour la première fois depuis que j’écris des critiques, j’ai un peu de mal à rédiger celle-ci, tant le bouquin laisse une impression de gêne et de doutes.

C’est peut-être sur la forme que le bât blesse et que le malaise s’installe : on a parfois envie d’être d’accord avec telle ou telle réflexion naïve du « voyageur du temps », on a parfois envie de rire d’une répartie… Mais comment pourrait-on être d’accord avec Hitler ? Comment pourrait-on rire avec Hitler ? La réponse est simple : on ne peut pas ! Et pourtant, au-delà du monstre, au-delà de l’ignominie, Hitler est un être humain, pervers, monstrueux, mais humain. Et c’est sans doute cette humanité-là qui dérange le plus.

La satire est bien présente, qui dénonce les travers de notre époque, la médiatisation à outrance et la politique-spectacle. Ce n’est pas le premier ouvrage (livre, film, BD…) qui prend pour sujet Hitler, mais rire d’Hitler est une chose, se mettre dans sa peau et rire avec lui en est une autre…

Pour être honnête, là aussi bien sûr, on se moque de lui, de ses délires obsessionnels, de ses monologues intérieurs délirants et soporifiques. À aucun moment l’auteur ne laisse oublier à qui l’on a affaire et ne montre la moindre complaisance à l’encontre de son personnage. Sa critique acerbe d’une société prête à récupérer n’importe qui ou n’importe quoi pour faire du buzz est particulièrement bien réussie. Elle fait froid dans le dos aussi, car on n'a soudain aucun mal à imaginer le pouvoir qu’un dictateur potentiel pourrait conquérir aujourd’hui avec un tel outil.

Succès fracassant outre-Rhin, l’ouvrage n’en finit pas de susciter la polémique et de diviser ses lecteurs. Son message moral (certain) est-il finalement bien servi par la forme adoptée ? Faire d’Hitler un être humain et non seulement un monstre, est-ce le dédiaboliser ou au contraire montrer encore mieux toute l’étendue de l’horreur ?

 

10 / 18 – octobre 2015 – 8,10 €

12:34 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

30/09/2015

Le café de luxe pour beaux messieurs

616c0LLl1LL._SX195_.jpgLe café de luxe pour beaux messieurs, Alexander Mc Call Smith

Un frère et une sœur recueillent une femme amnésique qui se fait simplement appeler madame. C'est à Precious Ramotswe et son adjointe Grâce Makutsi de découvrir son identité. Malgré cette affaire et son accouchement, Grâce décide d'ouvrir le Café de Luxe pour messieurs élégants.

Depuis le premier volume de la série sur Mma Ratmotswe – Mma Ratmotswe détective, chez 10 / 18 également – on se délecte à suivre les histoires de cette femme africaine à la « constitution traditionnelle », au cœur gros comme ça, fondatrice et directrice de l’ « Agence N°1 des Dames Détectives », sise à Gaborone, au Botswana. Aidée de la fidèle Grâce Makutsi – 98 sur cent à l’examen final de l’institut de secrétariat, elle enquête, avec autant de bon sens que d’intuition. Ajoutez à cela une générosité sans faille, une volonté farouche, et la certitude qu’il n’est guère de malheur dont une tasse de thé rouge bien fort ne peut venir à bout, vous aurez le portrait de cette héroïne que l’on se réjouit de retrouver dans cette nouvelle aventure.

Cette nouvelle aventure de Mma Ratmotswe est particulièrement réussie. On retrouve bien sûr avec plaisir les personnages récurrents, dont certains gagnent en profondeur – comme ici Charlie, l’éternel apprenti coureur de jupons, ou la parfois rigide Grâce Makutsi, qui, au fil des enquêtes, se révèle bien plus complexe qu’on ne le supposait au départ !

Avec le talent qui le caractérise, Alexander Mc Call Smith aborde dans cette histoire un sujet plus sensible, et plus douloureux qu’à l’accoutumée, tout en préservant la tendresse, l’humour et la légèreté qui font tout le charme de la série.

Le café de luxe pour beaux messieurs est, sans conteste, l’un des tout meilleurs opus des aventures de Mma Ratmotswe !

10 / 18 – Grands Détectives –  septembre 2015 – 7,80 €

17:23 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

29/09/2015

L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pélerinage

9782264066176.jpgL'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Haruki Murakami

Depuis le mois de juillet de sa deuxième année d'université jusqu'au mois de janvier de l'année suivante, Tsukuru Tazaki vécut en pensant presque exclusivement à la mort.

À Nagoya, ils étaient cinq amis inséparables. L'un, Akamatsu, était surnommé Rouge ; Ômi était Bleu ; Shirane était Blanche et Kurono, Noire. Tsukuru Tazaki, lui, était sans couleur.
Tsukuru est parti à Tokyo pour ses études ; les autres sont restés. Un jour, ils lui ont signifié qu'ils ne voulaient plus jamais le voir. Sans aucune explication. Lui-même n'en a pas cherché.
Pendant seize ans, Tsukuru a vécu comme Jonas dans le ventre de la baleine, comme un mort qui n'aurait pas encore compris qu'il était mort. Il est devenu architecte, il dessine des gares.

Et puis Sara est entrée dans sa vie. Tsukuru l'intrigue, mais elle le sent hors d'atteinte, comme séparé du monde par une frontière invisible.

Vivre sans amour n'est pas vivre. Alors, Tsukuru Tazaki va entamer son pèlerinage. À Nagoya. Et en Finlande. Pour confronter le passé et tenter de comprendre ce qui a brisé le cercle.

Haruki Murakami s’est fait connaître du grand public avec sa formidable trilogie 1Q84, mais cet écrivain prolifique n’en était pas à son coup d’essai. Son écriture subtile et tendre, mélancolique souvent, drôle parfois, entraîne ses lecteurs dans son univers et c’est avec bonheur que l’on se laisse embarquer dans l’aventure. Avec ce nouveau roman, tout d’introspection, c’est à une balade nostalgique et joyeuse que l’auteur nous convie.

Et, encore une fois, Murakami frappe fort : une écriture ciselée, une attention aux détails qui crée une atmosphère envoûtante et tendre… L’écrivain sait à merveille disséquer les émotions humaines, parler d’amour, de solitude, d’amitié, de douleurs et de joies, avec une justesse inégalée. Des phrases courtes et pudiques, pour un roman d’amour apaisé, porté par la musique.

10 / 18 – septembre 2015 – 8,10 €

10:43 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)