02/05/2016
Les fragiles
Les fragiles, Cécile Roumiguière
Drew a dix-sept ans, on est grand à dix-sept ans. On a eu le temps d’apprendre à savoir qui on est. Pourtant, dans sa tête, Drew est encore cet enfant de neuf ans qui a pris le racisme de son père en plein plexus. À la sortie d’un match de hand, au volant de sa camionnette, son père a renversé Ernest, le gardien du stade, et s’est enfui sans le secourir. Il n’allait pas s’arrêter pour un sale nègre… Ce jour-là, Drew a grandi trop vite. Qui croire ? Sa mère et l’école, qui lui apprennent qu’on est tous pareils, ou ce père raciste, borné, qui rêve d’un fils tout en muscles et nul en maths ? Drew déteste son père tout en cherchant à lui plaire. À l’école, il se saborde en ratant exprès ses devoirs… jusqu’au jour où il rencontre Sky, une fille aussi fêlée que lui. En fusionnant leurs fêlures, les Fragiles arriveront-ils, enfin, à faire passer la lumière ?
Drew grandit entre un père raciste et violent, déçu par ce fils trop bon à l’école et pas assez musclé, et une mère effacée qui a oublié ses rêves… Il faut dire que ces parents-là, ils ont été amoureux fous, comme on l’est à 16 ans, mais voilà, un enfant est arrivé, pas voulu, pas désiré, trop vite. Et ceux-là qui n’étaient pas encore adultes sont devenus parents. Avec leurs propres fêlures, ces blessures d’enfance que le temps n’a pas eu le temps de guérir. Isolé, incapable de se lier d’amitié avec les jeunes de son âge, il se mutile, et oublie tout dans la musique et les jeux vidéos… Jusqu’au jour où il rencontre Sky, une fille incroyable, écartelée entre ses parents divorcés, qui se cache derrière une façade destroy pour mieux cacher les peurs.
Ces deux-là vont s’épauler, et apprendre à grandir ensemble, malgré les angoisses. Leur amitié indéfectible leur donne la force de grandir et d’avancer ensemble. Sans doute aussi la force de se rendre compte que ces adultes qui les entourent ont aussi des cicatrices.
Cécile Roumiguière alterne le récit d’aujourd’hui (et du drame qui vient de se produire) avec des retours en arrière, pour comprendre comment on en est arrivés là. L’écriture est incisive, facile d’accès pour un lectorat adolescent. Les thèmes abordés parleront aux jeunes, et elle évite le piège du manichéisme, en révélant aussi les fragilités des parents. Petit à petit, ce père raciste et violent s’avère aussi un homme perdu, qui n’a pas su comment être père, et en souffre…
Un joli roman qui plaira sans conteste aux ados qui se sente un peu trop seuls, un peu trop différents.
Sarbacane – Collection : Exprim’ – avril 2016 – Prix : 15,50 €
17:27 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
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