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14/03/2016

Le livre de la jungle

 

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Le livre de la jungle, Véronique Ovaldé et Laurent Moreau

Un jour, le clan des loups recueille Mowgli, un petit d'homme abandonné au cœur de la jungle. L'enfant grandit en imitant sa famille sauvage et ses amis Baloo l'ours, Bagheera la panthère et Kaa le python. Il apprend à courir, nager, mordre et grimper. Mais, menacé par Shere Khan, le tigre qui a juré de le dévorer, il est forcé de retourner dans le village des hommes. Parmi eux, il doit tout réapprendre en se méfiant de leur convoitise et de leur bêtise. Tuer son ennemi juré, s'emparer d'un trésor maudit, se réfugier dans la jungle, tel sera le destin mouvementé de Mowgli, mi-homme, mi-loup.

Véronique Ovaldé propose là une interprétation forte et originale de l’œuvre de Rudyard Kipling, une histoire qui plaira beaucoup aux enfants, grâce à un texte ambitieux, qui mêle aventures et sentiments et fait la part belle à l’espiègle et sage à la fois Mowgli.

Et ce texte est magnifiquement servi par les illustrations de Laurent Moreau, de véritables tableaux qui plongent le lecteur dans la jungle, et mettent en scène ses dangers et ses joies, comme ils illustrent les hommes et leur bonté, et leur folie !

Les couleurs vives, la construction très travaillée des décors donnent une profondeur et une richesse remarquables aux dessins.

Une vraie réussite, inspirée du classique de Kipling, et qui sait trouver une voix singulière, accompagnée par des images somptueuses !

 

Gallimard Jeunesse –  mars 2016 – À partir de 5 ans – 14,00 euros

 

L'histoire perdue

Sans titre1.pngL’histoire perdue, Xavier Salomó et Meritxell Martí

Aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Éva. Son cousin Théo a décidé de lui faire une surprise et lui a donné rendez-vous chez lui. Impatiente de découvrir ce qui l'attend, Éva s'est préparée avec soin et prend vite la route. Oui, mais voilà que l'histoire dérape... Auteur et illustrateur n'ont visiblement pas bien accordé leurs violons et n'ont pas envie de raconter la même histoire. Le crayon du dessinateur s'emballe, n'en fait qu'à sa tête, transporte soudain ses personnages à la campagne et met sur leur chemin des objets imprévus. Éva n'arrivera pas aussi vite que le narrateur l'aurait souhaité à son rendez-vous et ne sera pas la seule à être surprise. Le lecteur avec elle va d'imprévu en imprévu et la chute de l'histoire n'en sera que plus belle !

Quelle drôle idée que cet album ! Loin des sentiers battus et des livres classiques, un grain de folie s’empare de celui-ci : l’illustrateur n’en fait qu’à sa tête, et dessine ce qu’il veut, sans tenir aucun compte de ce que raconte la scénariste. Celle-ci, agacée, choisit de se retirer, pour mieux revenir et finir ce joli conte humoristique.

Servi par de belles illustrations aux couleurs franches et pleines de douceur, avec un léger côté naïf très rafraîchissant, le récit croise ce que désire raconter l’auteure (et ses réactions dans des cases spéciales) et les lubies du dessinateur, bien décidé, semble-t-il, à orienter le cours de l’histoire dans un autre sens ! C’est bourré d’humour et ravira les bambins comme leurs parents qui s’amuseront beaucoup à la lecture de cet album atypique.

Et puis, tout est bien qui finit bien, puisque la petite Éva réussira à avoir son cadeau d’anniversaire, et quel cadeau ! Mais, chut….. C’est une surprise !

Seuil Jeunesse – mars 2016 – Dès 5 ans – 13,50 euros

 

29/02/2016

Communardes, tome 3

COMMUNARDES.jpgCommunardes ! Nous ne dirons rien de leurs femelles – Tome 3, Wilfrid Lupano et Xavier Fourquemin

Marie n’est pas une intellectuelle, ni une aristocrate, encore moins une militante. La Commune, elle aurait pu ne pas la vivre, et continuer à accumuler de la rancœur et de l’amertume dans sa vie de servante, d’ouvrière à la journée. Seulement, la Commune est là et, avec elle, une occasion en or de régler les comptes, de laisser sortir enfin cette froide colère qui lui tord le ventre, de redresser la tête, de se venger de ceux qui ont fait de sa meilleure amie Eugénie un fantôme, dont le rire dément résonne dans une crypte de damnées. La Commune promet que les lâches et les oppresseurs d’hier vont payer. Ça tombe bien, Marie en connaît quelques-uns. Et elle est prête à se salir les mains...

Vents d’Ouest publie le troisième et dernier opus de cette saga consacrée à des personnages de femmes dans la Commune. Et quelles femmes ! De l’aristocrate russe, amie de Marx, qui organise des ateliers féminins autogérés (L’aristocrate fantôme) à la môme délurée qui prend la tête d’une bande de gamins pour tenter de sauver les éléphants du zoo tout en massacrant les Versaillais (Les éléphants rouges), ce sont des héroïnes fortes et hautes en couleur qui racontent cet épisode tragique de l’histoire de France, et surtout la place des femmes dans cette aventure.

Dans ce troisième tome, le plus sombre sans doute, la jeune Marie, servante chez de riches bourgeois, dont le père, gradé de l’armée et féru de chasse, exhibe fièrement les armoiries de la famille comme ses trophées, coule des jours heureux en compagnie d’Eugénie, la fille de la maison. Mais cette quiétude ne durera pas. Quand Eugénie tombe enceinte du beau libraire qui lui a fait lire Proudhon et Bakounine, elle est enfermée manu militari dans un couvent et Marie chassée.

Quelques années plus tard, on la retrouve sur les barricades, servant la soupe aux Communards, trouvant là l’occasion de se venger des oppresseurs d’hier. Elle y croise le libraire, aujourd’hui marié. Lorsque les insurgés attaquent le couvent de Picpus pour réquisitionner ses chambres, elle découvre la pauvre Eugénie, mais dans quel état… Le scénario ménage ce qu’il faut de surprises et de rebondissements, on reconnaît même au gré des cases l’aristocrate anarchiste et la petite fille rêveuse des premiers tomes (les histoires peuvent toutefois se lire indépendamment). Beaucoup d’émotion dans ce volume, parfaitement servi par le dessin précis et très réaliste de Xavier Fouquemin. Les tonalités chaudes et joyeuses des moments heureux alternant avec les couleurs plus sombres des instants plus tragiques.

Si l’ensemble reste bien triste, et rien d’étonnant à cela, nous connaissons tous l’effroyable fin de cette utopie, il y souffle malgré tout un vent de liberté et d’espoir ; ces femmes, dont le sort n’était guère enviable, même au sein de cette « révolution », ont semé les jalons d’un mouvement qui, s’il n’est pas au bout de ses peines, a vu les femmes s’émanciper et gagner des droits nouveaux.

Le regard que les auteurs posent ici sur la Commune (un sujet peu traité en général), avec un angle original (les femmes et leurs luttes) fait de ce triptyque une vraie réussite, à se procurer de toute urgence !

 

Vents d’Ouest – février 2016 – 14,50 €

11:35 Publié dans Lecture BD | Lien permanent | Commentaires (0)