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22/09/2015

Catharsis

CATHARSIS.jpgCatharsis, Luz

Le 7 janvier 2015, le dessinateur Luz a perdu dans l’attentat commis à Charlie Hebdo, des amis, mais aussi l’envie de dessiner. Alors que la France s’est révélée « Charlie », Luz redevient auteur. Au début, il y a le drame, la douleur, la rage, la perte. Et puis, petit à petit, il y a le besoin de dessiner qui revient, l’envie non pas de témoigner, mais de se mettre à nu, de se libérer.

Alors naît Catharsis. Un livre thérapeutique où Luz nous livre par petites nouvelles ses pensées, son quotidien depuis ce jour qui a bouleversé sa vie, et à une autre échelle, celle de millions d’êtres humains. Les sentiments se bousculent, les styles, le ton. Du rire aux larmes, de la laideur à la beauté, de la colère à l’amour. Catharsis est un ouvrage bouleversant. Y a du Charlie dedans, bien sûr, mais aussi y a du Charb, y a du Cabu, y a du sexe, y a de la musique, y a du Reiser, y a du Feiffer, y a du Franquin, y a la police, y a du rouge, y a l’enfance, y a du rire, y a pas de chanson française, y a du rock, y a du roll, y a des yeux rouges et y a du rire, y a un pigeon, y a de la poésie, y a du Gébé, y a de la pluie, y a du soleil. Y a un auteur qui revit, et un livre incroyable qui s’affirme déjà comme un ouvrage nécessaire. Un classique instantané.

On connaissait Luz pour ses dessins rageurs, ses prises de position implacables, sa dérision et ses colères. Aujourd’hui, il nous livre un album fait de petites scènes, sans scénario défini, mais qui raconte la descente aux enfers d’un homme dont les amis sont morts, dont la vie a été brisée dans une déferlante de haine et de peur. Journal intime, carnet de croquis, déclaration d’amour bouleversante à celle qui partage sa vie, il est difficile de classer ce livre-là. Il parle de la douleur, du désespoir, de l’angoisse, de la confusion et la culpabilité qui le hantent. Mais il parle aussi de cul et d’espoir et de combat. Il relate le cheminement d’un homme qui a perdu le dessin et le retrouve.

Luz se livre totalement dans cet ouvrage, met à nu son cœur, ses tripes et son corps. Rien d’impudique là-dedans, ni de voyeur, tant il y met de finesse, d’intelligence et de tendresse, malgré tout. L’humour aussi revient, le cynisme que l’on aime tant chez lui (voir les planches qui se moquent des intégristes et des comploteurs…)

Catharsis est un ouvrage indispensable, un de ceux qui parlent aux tripes autant qu’à la tête, un album à se procurer, pas pour « Charlie », pas pour le passé, mais pour (re)découvrir le talent formidable d’un auteur !

 Futuropolis – mai 2015 – 14,50 €

 

12:22 Publié dans Lecture BD | Lien permanent | Commentaires (0)

27/08/2015

L'histoire vraie de Siam l'éléphant

Sans titre17.pngL’histoire vraie de Siam l’éléphant, Fred Bernard et Julie Faulques

Né en Inde dans la forêt profonde, Siam a connu bien des "métiers" dans sa vie d'éléphant. Bûcheron dans une exploitation forestière, animal sacré lors des défilés religieux, puis artiste de cirque en Europe et même acteur dans un film ! Après une vie mouvementée au service des hommes, Siam a goûté au zoo de Vincennes une retraite bien méritée.

Nathan poursuit avec L’histoire vraie de Siam l’éléphant la collection « L’histoire vraie de… », en collaboration avec le Museum d’Histoire Naturelle, et qui compte déjà 4 titres. Fred Bernard, qui a commencé des études vétérinaires avant de se tourner vers l’écriture et l’illustration, s’est penché avec passion sur les coulisses du zoo pour parler avec tendresse de ces animaux au destin si particulier.

Dans ce volume, on suit l’histoire de Siam, le petit éléphant, qui a connu bien des aventures avant de finir ses jours au zoo de Vincennes. On apprend au passage beaucoup de choses sur la vie de ces grands animaux. L’album est complété par une interview de Maryvonne Leclerc-Cassan, qui a soigné le vrai Siam. Joliment illustré par les dessins tout en rondeur de Julie Faulques, c’est un livre qui offre un moment d’évasion, tout en permettant à l’enfant de s’interroger sur la place des animaux et les dangers qui guettent nombre d’espèces.

Pour ceux qui en ont la possibilité, une visite au Muséum d’Histoire Naturelle sera un parfait prolongement puisqu’on peut aujourd'hui y voir Siam, naturalisé, à la Grande Galerie de l'Évolution.

 

Nathan Jeunesse – août 2015 – Dès 5 ans – 11,95 euros

28/07/2015

Murderabilia

MURDERABILIA.jpgMurderabilia, Àlvaro Ortiz

Le jeune Malmö Rodríguez a vite abandonné ses études, habite avec des parents qu’il déteste, est sans emploi, mais ne cherche pas de travail. Il voudrait être écrivain, mais il n’écrit presque jamais. Tout ce qu’il possède ce sont deux chats noirs, héritage d’un oncle qui vient d’être terrassé par un infarctus. À première vue, on les prendrait pour des animaux quelconques, mais un étrange personnage est disposé à les acheter en échange d’une coquette somme d’argent. Malmö accepte le marché, saute dans un bus et part livrer les chats au mystérieux acheteur, sans se douter que cette rencontre va changer sa vie pour toujours.

Les murderabilia sont un mot-valise, forgé à partir de l’anglais murder (meurtres) et du latin memorabilia (souvenirs). Il désigne des objets liés à des crimes ou à des meurtriers, avec une prédilection pour les tueurs en série et les tueurs de masse. Des sites internet existent pour la vente et l’échange de ce type de «souvenirs»…

Ça commence comme l’histoire banale d’une sorte de « Tanguy » un peu fainéant, un peu paumé, un peu obsédé et puis, au fil des pages, s’installe l’étrangeté. Àlvaro Ortiz a l’intelligence de la distiller par toutes petites touches, sans avoir l’air d’y toucher, dans un récit hors du commun, pleine de rebondissements, d’humour, de noirceur et même de terreur. Polar, thriller, épopée post-adolescente, chronique rurale, l’auteur mélange les genres avec une habilité qui ne se dément pas. Les couleurs sont pastels, tendres, les traits naïfs comme pour amortir les horreurs racontées, allégeant ainsi une lecture qui pourrait être violente. Chaque personnage est particulièrement fouillé, et accompagne unenarration implacable toute entière tourné vers une fin que l’on pressent radicale.

C’est à une promenade glaçante, mais fascinante que nous invite Àlvaro Ortiz, en signant là un album singulier, très esthétique, au scénario parfait.

Rackham – mai 2015 – 21 € – 120 pages

 

 

17:29 Publié dans Lecture BD | Lien permanent | Commentaires (0)