27/01/2015
Je m'appelle Livre...
Je m’appelle livre et je vais vous raconter mon histoire, J. Agard et N. Packer
Quand Livre raconte sa propre vie, c’est une histoire de plus de 5000 ans qui commence !
Des tablettes sumériennes à l'arrivée de l'e-book, Livre présente avec beaucoup d'humour son autobiographie. Et sa vie se lit comme un roman ! Les 20 petits chapitres se savourent comme des friandises : Livre nous apprend qu'il a eu sa période rock and roll pendant des siècles, que grâce aux Romains il a eu un dos en bois, que les moines l'ont enluminé au Moyen Âge, qu'il a un faible pour la lettre "P" - celle qui "évoque tant de bons moments de sa vie" : papyrus, parchemin, papier, presse d'imprimerie, poche, publication… et aussi qu'il a une capacité de résistance et un vrai sens de la famille avec son frère, e-book !
J’ai d’abord été attirée par la couverture, magnifique, de cet ouvrage. Et je n’ai pas été déçue par son contenu ! Pour tous les amoureux des livres et de la lecture, c’est un incontournable, un de ces bijoux que l’on se réjouit d’avoir dans sa bibliothèque, que l’on lit avec bonheur et que l’on feuillette à nouveau, juste pour le plaisir. Je m’appelle Livre et je vais vous raconter mon histoire embarque le lecteur dans le grand voyage de l’écrit. Comme une autobiographie, on suit avec délectation l’incroyable aventure du Livre, des origines de l’écriture il y a plus de 5000 ans à nos jours. Émaillé d’anecdotes, ponctué de citations particulièrement bien choisies et variées, le tout est très agréable à lire. Sans compter les très belles illustrations et les jeux de typographies qui donnent vie à l’ensemble.
Le Livre raconte également les turbulences de son histoire, ces moments où on l’a brûlé, par peur des idées qu’il propage. Et ses mots résonnent aujourd’hui d’un écho bien d’actualité : "… la mémoire, comme la vérité, trouvera toujours un témoin. Jusque dans les geôles d’un dictateur, même sans crayon, sans papier, il y aura toujours une main pour graver des pensées sur un mur ; un quignon de pain, un morceau de savon. Et jusque dans les lieux les plus nus, les plus ingrats, je serai là en germe, prêt à croître et à m’épanouir, prêt à répandre mes graines dans les imaginations.”
Rédigé par John Agard, dramaturge, romancier et auteur pour enfants et sublimé par les illustrations de Neil Packer, c’est un documentaire captivant que nous proposent là les Éditions Nathan, à mettre entre toutes les mains, pour une leçon d’histoire et d’intelligence passionnée et passionnante !
Nathan – janvier 2015 – À partir de 12 ans – 13,90 euros
18:01 Publié dans Lecture enfant | Lien permanent | Commentaires (0)
23/12/2014
Meurtres pour rédemption
Meurtres pour rédemption, Karine Giebel
Marianne a 20 ans, la rage au cœur, la perpétuité en perspective. Marianne, c'est une gamine, élevée par des grands-parents rigides après la mort de ses parents. Ils lui ont tout donné, une chambre, une éducation, tout, sauf de l'amour... Alors, quand elle rencontre Thomas, aussi perdu qu'elle, ce sera l'amour et la rage de vivre tout ensemble; fugue, cambriolages, fuite en avant, jusqu'à la tragédie : un vieillard qui meurt, la course-poursuite et la tête de Thomas qui explose sous l'impact d'une balle. L'irrémédiable enfin, Marianne tire, tue un flic, en paralyse un autre. Puis l'engrenage, le procès, l'avocat incompétent, la juge inflexible, et la condamnation. Marianne entre en prison, pour ne jamais en ressortir. D'autant moins que la jeune femme est aussi une gamine avec la rage au cœur, un sens aigu de l'injustice et la faculté de tuer à mains nues, souvenir de la pratique assidue des arts martiaux. En prison, ni les humiliations, ni la violence, ni la drogue, ni les coups, rien ne viendra à bout de la violence qui explose sporadiquement. Une gardienne immonde en fait les frais, et puis une détenue. La descente aux enfers semble n'avoir pas de fin, lorsque surgit une lueur d'espoir, sous la forme de trois étranges flics qui lui proposent un étrange deal : la liberté en échange d'un contrat.
Bouquin coup de poing, plein de rage, de fureur, de violence, mais d'espoir aussi parfois. L'amour inconcevable au milieu de l'horreur, la douceur d'un peu d'humanité dans ces rapports si durs. Meurtres pour rédemption, c'est un livre dont on ne ressort pas indemne, un formidable portrait de femme, une dénonciation sans concession d'un système pourri jusqu'à l'os. Flics ripoux, politiques infâmes, petits chefs imbus de leur pouvoir et leur immunité, souffrances en rafales, jeune femme brisée par une enfance sans amour, devenue une bête fauve incontrôlable, c'est à une plongée en enfer que nous convie Karine Giebel, avec une force indéniable, jusqu'à une fin qui justifie le titre, douce-amère.
Marianne hante longtemps la mémoire du lecteur, longtemps après avoir refermé le livre...
14:36 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)
La Chauve-Souris, Opéra Comique
L'opérette : a priori, pas trop ma tasse de thé, je n'y connais rien et j'en ai une image un peu datée, du vaudeville d'Au théâtre ce soir en chansons, en quelque sorte. Toutefois, j'avais vu Ciboulette et passé un excellent moment. En route donc pour l'expérience La chauve-Souris à l'Opéra Comique, sans conviction mais avec curiosité!
Je vous épargne l'argument, à le lire, tout semble très confus, alors que finalement, on suit très facilement les aventures et mésaventures des héros.
Et voilà une soirée gaie, enlevée, joyeuse, emportée par une musique légère et magique, sous la baguette du grand, très grand Marc Minkowski. Servie par une distribution impeccable - avec une mention spéciale pour Sabine Devieilhe, dans le rôle d'Adèle et à Kangmin Justin Kim, dans celui du Prince Orlofsky - cette Chauve-Souris là est un vrai bonheur. La traduction permet de se gausser, dans un esprit boulevardier de qualité, de l'actualité et de donner des résonances finalement assez intemporelles à l’œuvre.
Un bien joli spectacle pour une fin d'année pétillante!
12:07 Publié dans Sorties : expos, spectacles... | Lien permanent | Commentaires (0)