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08/09/2013

Danse : Signes

 Lundi 15 juillet, opéra bastille, je vais enfin voir Signes... Carolyn Carlson à la chorégraphie, Marie-Agnès Gillot dans le rôle-titre. Des années que j'espérais vois ce ballet, avec cette danseuse. Pourquoi? Parce qu'il y a quelques années, dans le cadre du programme "dix mois d'école et d'opéra"[1], nous avions rencontré l'étoile. Merveilleuse rencontre avec une femme simple, qui a su toucher les jeunes, les faire rire, les émouvoir… L’un de ces moments d’émotion, c’est lorsqu’elle a parlé de sa nomination comme Étoile. Et c’était justement dans ce ballet. Elle nous a fait partager son émotion, sa fierté aussi d’être nommée sur cette pièce.

Signes est devenu un classique du répertoire de l'opéra et il est régulièrement repris dans la programmation – toujours à la fin de la saison, je crois, sans doute pour clore en beauté! Combinaison magique de danse, de musique et de peinture, l'ensemble est incroyablement beau. Deux mois plus tard, j'ai encore la tête et le cœur remplis de souvenir.

Cette année, il y aura, entre autres, "Orphée et Eurydice" au programme des sorties, je vous en reparlerais...

 

 



[1] http://www.operadeparis.fr/pratique/activites_peda/10_mois_d_ecole/

 

 

 

 

 

27/06/2013

Danse : Sidi Larbi Cherkaoui : Play

Mardi 18 juin, Cité de la musique : Sidi Larbi Cherkaoui présente "Play", avec Shantala Shivalingappa. Pour moi, cela s'annonce mal; une spécialiste de la danse traditionnelle indienne, avec musique indienne en accompagnement, ce n'est pas ma tasse de thé - Ravi Shankar me colle de l'urticaire, c'est vous dire... même avec Cherkaoui, je crains l'endormissement impromptu!

Seulement, voilà, ce type est un génie... Il se nourrit d'autres cultures, de rencontres, de différences pour nous proposer à chaque fois un spectacle nouveau et pourtant si semblable, semblable dans une célébration de la tolérance, de l'enrichissement, du partage. Semblable parce qu'il sait s'entourer, et mieux, travailler avec les meilleurs. Ces deux-là se sont rencontrés grâce à Pina Bausch, et ils se sont reconnus, au delà de leurs différences. Aujourd'hui, ils nous proposent un spectacle d'une finesse, d'une beauté, d'une tendresse incomparable. Admirablement accompagnés par les musiciens, ces deux danseurs d'exception sont tour à tour tendres, violents, drôles, sensibles, émouvants. La scénographie et la mise en lumière servent formidablement le propos. On en ressort ému, comme enrichi par la force et la tendresse de ces deux artistes, meilleur sans doute...

20/05/2013

Chanson : Une grande dame

J'avais 13 ou 14 ans, c'était à Saintes au théâtre Gallia. Sur la scène, une femme. Longue, les cheveux sagement lisses et la frange toute droite. Dans ses bras, une guitare, et puis, devant elle, un micro sur un pied. Eh, oui, à cette époque, il y avait encore des micros avec un pied sur une scène... Pendant tout le concert, elle ne lâchera pas sa guitare, ne quittera pas le micro, et pourtant, elle m'a fait voyager, pleurer, rire, espérer, me révolter. Elle, c'est Anne Sylvestre. Ça y est, je sens poindre votre sourire, pas moderne tout ça, hein?

Et bien, écoutez "Gay, marions-nous". Oui, d'accord, elle a peut-être surfé sur la vague ? Ah, mais ça date de 2007!

Depuis ses débuts, Anne Sylvestre nous parle du monde, de la justice, de la liberté, souvent bien en avance sur les débats de société : "Mon mari est parti" en pleine guerre d'Algérie, "Non, tu n'as pas de nom", trois ans avant la loi Veil, "Un bateau s'est cassé" lorsque l'écologie était encore un mot de scientifique.

Aujourd'hui, elle poursuit son chemin de mots avec un nouvel album "Juste une femme", un chemin qui nous parle de la tendre et digne "Violette", mais aussi du fragile "Habitant du chateau". L'humour est toujours là, avec un chouïa de souvenirs de luttes aussi, dans "Les calamars à l'harmonica", ou dans le "Portrait de moi". La chanson phare, comme on dit, c'est "Juste une femme", un réquisitoire ciselé, plein de colère et de rage, mais avec toujours cette élégance d'écriture qui est la marque de la dame : 

Peit monsieur petit costard / petit' bedaine / petit' sal'té dans le regard / petit' fredaine / petite poussée dans les coins / sourire salace / petit' ventouses au bout des mains / comme des limaces / petite crasse

Il y peut rien si elles ont des seins / quoi il est pas un assassin / il veut simplement apprécier / c'que la nature met sous son nez

Mais c'est pas grave / c'est juste une femme / C'est juste une femme à saloper / juste une femme à dévaluer / j'pense pas qu'on doive / s'en inquiéter

..... / ....

Mais dès qu'une femme / messieurs Mesdames / est traitée comme un paillasson / Et quelle que soit la façon / Quelle que soit la femme / Dites-vous qu'il y a mort d'âme

C'est pas un drame / Juste des femmes

Diriez-vous toujours que ce n'est pas moderne? Pas actuel? La beauté des mots, les arrangements ciselés sur lesquels se pose une voix toujours aussi juste, vibrante d'émotions et de colères, ça s'écoute aujourd'hui comme hier.

J'ai eu le bonheur de la voir une nouvelle fois au Casino de Paris. Alors, bien sûr, il y a eu quelques trous de mémoire, mais qu'importe, lorsque s'élève cette voix-là, on l'écoute, on rit, on pleure, on espére, on se révolte (eh, oui, comme il y a presque quarante ans). On partage, on se dit que l'on vit un de ces petits moments de vie plein de grâce et d'émotion.

La dame a fini son concert, a capela, avec un extrait de "Merci, oh merci":

Merci, mais merci / aux rares qui avaient compris / qu'il valait mieux attendre / merci, oui, merci / de ne m'avoir jamais rien dit / et d'avoir bien voulu comprendre / que je devais, libre / arriver jusqu'ici / Libre, libre, libre / Arriver jusqu'ici

Merci à vous, Madame, d'accompagner nos vies, avec de la tendresse et de la pudeur, avec des colères et des rires; merci de ne pas nous laisser oublier que la modernité n'est que la juste capacité à observer le monde et à se battre toujours, pour que change - peut-être, un peu - les choses et les gens...

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