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19/04/2016

Partir - Au delà des frontières

Sans titre.pngPartir - Au delà des frontières, Francesca Sanna

Pour fuir la guerre, deux enfants et leur maman se lancent dans un long et dangereux voyage loin de leur pays. Passer la frontière, traverser la mer, se cacher, sans jamais perdre espoir... Leur chemin est celui de tous ceux qui tentent de trouver un endroit où vivre en paix.

Un album magnifique et sensible, pour évoquer simplement avec les petits l'exil, la migration vers l'inconnu d'un monde nouveau.

Ça commence joliment, par l’histoire d’une famille qui vit paisiblement dans son pays d’origine, au bord de la mer. Les dessins évoquent l’orient, l’ailleurs… Mais un jour, la guerre arrive, brutale et noire comme la tache qui envahit la page. La maman et ses deux enfants doivent fuir pour survivre, fuir loin de ce pays meurtri. Au fur et à mesure de ce long et dangereux voyage, ils se dépouillent de leurs biens, pour payer les trajets, les passeurs… Ils devront franchir un mur énorme et effrayant, échapper aux gardes, et traverser la mer. Ils devront surtout ne jamais perdre espoir, l’espoir d’arriver dans un endroit où vivre en paix…

Francesca Sanna réussit là l’exploit d’aborder pour les petits, un thème infiniment difficile, celui des réfugiés. Elle raconte avec une formidable tendresse le parcours effroyable de ceux qui fuient la guerre et cherchent juste un peu de paix et de sécurité. Les illustrations sont absolument splendides, évoquant tour à tour la vie d’avant, douce et lumineuse, la guerre sombre et tragique, le voyage, plein de dangers et de peur, puis l’arrivée, et l’espérance… Les couleurs pastels et tendres du début font place à des noirs et rouges plus effrayants, avec des personnages surdimensionnés qui illustrent bien la façon dont les enfants voient ce qui les effraie. Enfin, une lueur d’espoir revient à la fin, avec des oiseaux qui s’envolent…

C’est un album merveilleux pour aborder l’exil, la migration, tous ces thèmes dont nos enfants entendent parler, mais qui nous semblent parfois difficiles à discuter. Le traitement sensible et les illustrations somptueuses en font un incontournable de ce printemps !

 

Gallimard Jeunesse – À partir de 5 ans – avril 2016 – 15,90 €

18/04/2016

Ma meilleure amie s'est fait embrigader

Sans titre4.pngMa meilleure amie s’est fait embrigader, Dounia Bouzar

Comment peut-on basculer d'une vie de jeune "normal" à celle de prétendant au Djihad ? Comment la radicalisation arrive-t-elle ? Par quelles étapes ? Quel processus ? Pourquoi l'entourage ne voit-il rien ? Dounia Bouzar s'est glissé dans la peau d'une fille dont la copine s'est fait embrigader... Elle raconte comment elle n'a rien vu, et ensuite, elle réalise toutes les étapes par lesquelles Camille est passée avant d'être complètement happée. Un récit qui permet d’exposer toutes les phases de l'embrigadement et tous les signes de la radicalisation, mais de manière plus intimiste et moins moralisatrice.

Dounia Bouzar est une anthropologue française née à Grenoble en 1964, d'un père maroco-algérien et d'une mère française d'origine corse. Docteure en anthropologie spécialisée dans l'"analyse du fait religieux", elle a publié de nombreux articles, livres, essais et tribunes libres. D'abord éducatrice, elle a ensuite été chargée d'études "laïcité" à la Protection judiciaire de la jeunesse de 1991 à 2009. Elle a siégé au Conseil français du culte musulman de 2003 à 2005 en tant que personnalité qualifiée. En 2013, Dounia Bouzar crée avec d'autres experts l'association du CPDSI (Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l'Islam).

Tout d’abord, soyons claire : expliquer n’est pas excuser, et expliquer est indispensable pour comprendre et combattre le phénomène de la radicalisation des jeunes. Loin d’un discours politique ou moral, Dounia Bouzar choisit au contraire un récit intimiste, au plus près de ses personnages d’ado que rien ne destinait à entrer dans ce cercle infernal.

Au travers de l’histoire de Camille, elle raconte comment l’adolescente est progressivement coupée de sa famille et de ses amis, prise dans un engrenage psychologique redoutable, manipulée par les rabatteurs de Daesch, sur internet puis dans la vie réelle, jusqu’à organiser son départ pour la Syrie.

Par la voix de Sarah, sa meilleure amie, elle permet de saisir le désarroi, la colère, le sentiment d’impuissance de l’entourage. Enfin, elle offre un « voyage » au cœur d’une cellule de déradicalisation, et montre comment on peut littéralement « ramener à la vie » des jeunes perdus, par le lien, la confiance et l’amour. C’est la voix de ces ados qu’elle fait entendre, pour comprendre de l’intérieur, pour dépeindre par l’expérience.

Un ouvrage indispensable, pour les jeunes au premier chef, qui peuvent ainsi mieux appréhender ce qui les menace, ou menace leurs proches, mais aussi pour les adultes, pour expliquer, pour rester vigilants, pour agir !

Dounia Bouzar ne juge pas, elle raconte, elle expose, elle rassure également, on peut revenir de ce voyage au bout de la nuit, il faut que l’on vous tende la main avant qu’il ne soit trop tard.

C’est un appel à la jeunesse, un appel à la tolérance, à l’amitié, aux liens qui nous unissent tous, au-delà des différences que lance l’auteure, écoutons-là !

 

De la Martinière Jeunesse – avril 2016 – À partir de 14 ans – 14,50 euros – 224 pages

 

12:28 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

12/04/2016

Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble

Sans titre9.pngÀ la nuit tombée ; Conseils aux monstres et aux enfants pour bien vivre ensemble, Enrique Quevedo

Enfin un album destiné à la fois aux enfants et aux monstres ! À la nuit tombée, quand on est un enfant, il n'est pas toujours simple de détourner l'attention d'un monstre dans un long corridor sombre ou d'éviter celui qui veut sortir du placard de sa chambre lorsqu'on dort tranquillement... À la nuit tombée, quand on est un monstre, il n'est pas toujours facile de chasser les enfants qui envahissent le parc où l'on se repose ou de se cacher sous l'escalier lorsqu'un petit humain en dévale les marches au moment même où l'on sort rejoindre quelques monstrueux amis. Heureusement, ce manuel énigmatique et truffé d'humour fourmille de conseils pratiques pour une plus saine cohabitation entre les deux espèces ! Les minutieux dessins à la plume noire rendent hommage au travail d'Edward Gorey et de Maurice Sendak et créent un univers où l'ordinaire côtoie l'extraordinaire et où rêve et réalité se confondent à la perfection.

Seuil propose là un très bel album, qui fait la part belle à de délicates et minutieuses illustrations à la plume. Les monstres sont extraordinaires d’inventivité et fourmillent de détails.

La bonne idée, c’est de diviser l’ouvrage en deux parties, l’une destinée aux enfants, l’autre aux monstres, afin de leur prodiguer des conseils pour mieux vivre ensemble. Ce manuel truffé d’humour peut être pris au premier degré, mais amène également à une réflexion sur comment cohabiter, voire partager, quand on est si différents ?

Au-delà de son aspect ludique et drôle, mais aussi esthétique, cet album cache un beau message et de précieux encouragements pour surmonter ses peurs vis-à-vis de l’Autre, le différent, l’étranger à soi.

J’ai une seule petite réserve : l’album est indiqué dès 6 ans, il est un peu difficile à appréhender à cet âge-là, et je le conseillerais plutôt aux enfants un peu plus âgés, à partir de 8/9 ans.

Éditeur : Seuil Jeunesse  – Avril 2016 – À partir de 6 ans – Prix : 13,50 euros