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18/04/2016

Ma meilleure amie s'est fait embrigader

Sans titre4.pngMa meilleure amie s’est fait embrigader, Dounia Bouzar

Comment peut-on basculer d'une vie de jeune "normal" à celle de prétendant au Djihad ? Comment la radicalisation arrive-t-elle ? Par quelles étapes ? Quel processus ? Pourquoi l'entourage ne voit-il rien ? Dounia Bouzar s'est glissé dans la peau d'une fille dont la copine s'est fait embrigader... Elle raconte comment elle n'a rien vu, et ensuite, elle réalise toutes les étapes par lesquelles Camille est passée avant d'être complètement happée. Un récit qui permet d’exposer toutes les phases de l'embrigadement et tous les signes de la radicalisation, mais de manière plus intimiste et moins moralisatrice.

Dounia Bouzar est une anthropologue française née à Grenoble en 1964, d'un père maroco-algérien et d'une mère française d'origine corse. Docteure en anthropologie spécialisée dans l'"analyse du fait religieux", elle a publié de nombreux articles, livres, essais et tribunes libres. D'abord éducatrice, elle a ensuite été chargée d'études "laïcité" à la Protection judiciaire de la jeunesse de 1991 à 2009. Elle a siégé au Conseil français du culte musulman de 2003 à 2005 en tant que personnalité qualifiée. En 2013, Dounia Bouzar crée avec d'autres experts l'association du CPDSI (Centre de Prévention des Dérives Sectaires liées à l'Islam).

Tout d’abord, soyons claire : expliquer n’est pas excuser, et expliquer est indispensable pour comprendre et combattre le phénomène de la radicalisation des jeunes. Loin d’un discours politique ou moral, Dounia Bouzar choisit au contraire un récit intimiste, au plus près de ses personnages d’ado que rien ne destinait à entrer dans ce cercle infernal.

Au travers de l’histoire de Camille, elle raconte comment l’adolescente est progressivement coupée de sa famille et de ses amis, prise dans un engrenage psychologique redoutable, manipulée par les rabatteurs de Daesch, sur internet puis dans la vie réelle, jusqu’à organiser son départ pour la Syrie.

Par la voix de Sarah, sa meilleure amie, elle permet de saisir le désarroi, la colère, le sentiment d’impuissance de l’entourage. Enfin, elle offre un « voyage » au cœur d’une cellule de déradicalisation, et montre comment on peut littéralement « ramener à la vie » des jeunes perdus, par le lien, la confiance et l’amour. C’est la voix de ces ados qu’elle fait entendre, pour comprendre de l’intérieur, pour dépeindre par l’expérience.

Un ouvrage indispensable, pour les jeunes au premier chef, qui peuvent ainsi mieux appréhender ce qui les menace, ou menace leurs proches, mais aussi pour les adultes, pour expliquer, pour rester vigilants, pour agir !

Dounia Bouzar ne juge pas, elle raconte, elle expose, elle rassure également, on peut revenir de ce voyage au bout de la nuit, il faut que l’on vous tende la main avant qu’il ne soit trop tard.

C’est un appel à la jeunesse, un appel à la tolérance, à l’amitié, aux liens qui nous unissent tous, au-delà des différences que lance l’auteure, écoutons-là !

 

De la Martinière Jeunesse – avril 2016 – À partir de 14 ans – 14,50 euros – 224 pages

 

12:28 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

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