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26/02/2013

Orphelins de sang

Un conseil de lecture pour rester dans l'ambiance optimiste de la note précédente ;-( 

Je viens de finir Orphelins de sang, de Patrick Bard. Aux confins du polar et du thriller, c'est surtout un roman noir, très noir.

Ça se passe au Guatemala, de nos jours. Le Guatemala, c'est ce petit pays d'Amérique Centrale, dont on ne parle guère dans nos contrées. Le Guatemala, c'est un pays déchiré par une guerre qui s'est soldée par le massacre de 200 à 300 000 personnes, en grande majorité des indiens. La corruption a gangrené toute la société, la police n'existe pas, les bidonvilles sont légion, les narco-trafiquants, alliés aux (ex) militaires font régner la terreur. On compte aujourd'hui plus de 4000 morts violentes chaque année (à savoir des meurtres). Le Guatemala peut même se vanter d'être parmi les pays les plus enclins au "fémicide" (le meurtre d'une femme parce qu'elle est une femme), on estime leur nombre à au moins 5000 ces dix dernières années.

Dans ce contexte d'extrème violence, Victor Hugo, un pompier qui rêve de devenir journaliste, va mettre le doigt sur l'horreur des enfants volés et revendus aux riches américains en mal d'adoption. Pas vraiment méchants, d'ailleurs, ces braves américains, juste aveuglés, juste décidés à ne pas se poser de questions. Quant aux kidnappeurs et à leurs commanditaires, il s'agit là d'un banal moyen de se faire du fric; revendre un enfant pour l'adoption, ou à un réseau pédophile, ou à des réalisateurs de snuff-movies, c'est du pareil au même, du business! Le vol et la vente d'enfants sont devenus une activité courante, comme l'explique justement l'un des protagonistes : "Dans les années cinquante, le Guatemala exportait des bananes. Aujourd'hui, il exporte ses enfants". Soutenu par les membres de l'association Mujer, Victor va mettre à jour la corruption et les complicités dont bénéficient ces réseaux.

Porté par une écriture nerveuse et impeccable, servi par un scénario particulièrement bien ficelé, on n'oublie pas de sitôt ces Orphelins de sang. Saississant portrait d'une société malade, bouleversante leçon de courage et dignité, parce qu'elle est digne, cette femme qui a réchappé de peu au meurtre et recherche inlassablement son enfant, il est digne aussi ce pompier qui va au bout de son enquête, malgré le danger encouru, elles sont dignes ces femmes de Mujer qui tentent de venir en aide aux malheureuses indiennes.

Lauréat amplement mérité des Prix Sang d'encre des lycéens 2010 et Prix Lion noir 2011, Orphelins de sang est un roman à lire absolument!

 

 

18:13 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)

17/02/2013

La reine des lecteurs

"La reine des lecteurs" d'Alan Bennet, ou comment la reine d'Angleterre découvre la lecture. Voici un court roman plein d'ironie à dévorer. Au détour de cette chronique souvent grinçante, parfois très drôle, on suit la reine Elisabeth dans sa découverte de la lecture. Activité banale en soi, mais qui va se révéler un vrai casse-tête pour une femme dont la vie est régie par les contraintes. Comment donc voler quelques minutes, puis quelques heures, quand la passion se fait dévorante dans un emploi du temps millimétré? Sans compter l'opposition de tout son entourage, qui ne sait comment réagir devant ce qu'il considère comme une lubie qui bouleverse le protocole. La Reine va toutefois se battre avec une ténacité, un entêtement diront certains, digne d'éloge. En filigrane, Alan Bennet fait un éloge de la lecture et des livres, synonymes de découvertes et de liberté. Un joli roman pour un beau moment de détente!

12:28 Publié dans Lecture | Lien permanent | Commentaires (0)